Connaître l’histoire du Costa Rica grâce au Cartel de Bellavista à San José !

 

Article rédigé par Cristo De Franceschi, collaborateur à Terra Caribea entre 2022 et 2024

 

En ce début d’année 2024, alors que je profitais pour la première fois du « Art City Tour » de la ville de San José et que je visitais de nuit la forteresse de Bellavista avec des amis, je me suis dit que ce serait intéressant de présenter dans le détail l’histoire du Costa Rica au travers d’une visite commentée de ce musée. Car ce lieu est devenu essentiel pour le patrimoine et l’histoire du pays.

Très vite le projet s’est structuré et a été intégré à la refonte de la page « Le pays en bref » qui m’a permis d’avoir une approche historique du Costa Rica, approfondie grâce à cette série de vidéos réalisée au sein du Musée National du Costa Rica, le 15 mars dernier.

Pour l’occasion j’ai été accompagné de mon collègue costaricien Esteban, fin connaisseur de l’histoire de son pays, avec lequel j’ai pris plaisir à arpenter les allées du Cartel de Bellavista et des ses différentes expositions retraçant l’histoire du pays de l’or vert.

Vous l’avez compris, l’idée est donc de vous proposer un Vlog, dont les différentes vidéos vont venir illustrer les périodes et événements importants de l’histoire du Costa Rica. On abordera l’époque Précolombienne, en passant par la Conquête puis la Domination Espagnole, avant de s’attarder sur la période moderne, initiée avec l’Indépendance puis la création de la Nation du Costa Rica, qui se conclura sur des événements plus récents à l’image de la Guerre Civile de 48 ou encore la crise économique des années 80.

 

Bonne lecture – l’équipe Terra Caribea ! 

La vidéo officielle de présentation du musée national du Costa Rica

1. Introduction du Cartel Bellavista - Musée National du Costa Rica

Dans un premier temps, dans la continuité de la vidéo précédente, nous vous présentons le Cartel de Bellavista, ce monument symbolique de la ville de San José qui abrite le Musée national du Costa Rica, lieu idéal pour illustrer l’histoire de ce petit pays d’Amérique centrale.

Véritable forteresse située au cœur de la capitale, ce bâtiment a eu en premier lieu une fonction martiale, en tant que quartier général pour l’armée du Costa Rica. Or, vous savez que l’une des caractéristiques du Costa Rica, c’est bien d’avoir supprimé son armée nationale et cet événement est directement lié à l’histoire du Cartel. En effet, c’est ici que fut symboliquement détruit un pan de mur du fort pour représenter la chute de l’armée.

Cet événement incontournable a fait suite à la guerre civile de 1948, un moment tragique de l’histoire qui a causé des milliers de morts et dont les traces des balles tirées à cette époque sont encore visibles à différents endroits du fort… Notamment sur le versant Est, depuis lequel a été tournée cette première vidéo, introduisant le site et son rôle historique, en tant que lieu idéal pour venir commémorer le patrimoine culturel des Ticos !

Pardon pour le décalage avec le son, c’était la première vidéo de la série, cela s’améliore par la suite ! 

2. Introduction du Cartel Bellavista - L'intérieur du musée National du Costa Rica

Poursuivons notre découverte du Cartel de Bellavista et de l’intérieur du Musée national du Costa Rica. Cette seconde vidéo vous permet également de faire la connaissance d’Esteban, agent de voyage chez Terra Caribea depuis 2023 et originaire du Costa Rica. Si vous souhaitez en savoir plus sur Esteban, je vous invite à lire sa présentation personnelle disponible sur la page Notre équipe.

Au cours de cette vidéo, Esteban vous offre un aperçu de la « Bellavista », cette vue panoramique sur la Vallée Centrale qu’offre la perspective depuis la cour centrale du Cartel. Cette position stratégique a bien évidemment justifié la construction du fort à cet endroit, afin d’avoir une position dominante sur la capitale.

3. Époque précolombienne du Costa Rica - les sphères en pierre

À partir de cet épisode, nous allons rentrer dans le détail de la chronologie historique du pays, en abordant dans un premier temps l’époque précolombienne, soit une vaste période historique qui s’étend de la préhistoire jusqu’à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492.

Vous me direz qu’une période aussi longue ne fait pas vraiment sens historiquement parlant, et vous aurez raison… Car finalement, c’est surtout un raccourci que de traiter d’une période homogène sur autant d’années, conséquence d’un manque de connaissances et de recherche sur les civilisations précolombiennes au Costa Rica, ne permettant pas de vraiment nuancer ce vaste pan de l’histoire.

Par contre, un des faits à mettre en valeur, c’est le passage de populations nomades à des populations sédentaires, qui se structurent autour de la figure du Cacique, soit le chef du village, occupant une fonction à la fois administrative, spirituelle et militaire. Ce modèle s’est imposé au cours du premier millénaire et s’est maintenu jusqu’à l’arrivée des Colons européens au XVème siècle.

Les principaux vestiges archéologiques du Costa Rica qui donnent des indications sur les cultures précolombiennes du Costa Rica, ce sont les sphères en pierre, très présentes sur la côte Pacifique sud, un des berceaux de populations indigènes (cf. peuples Boruca). De nos jours, on retrouve un grand nombre de sphères en pierre de ce type dans le pays, c’est même assez commun. Si toutes ne sont pas forcément d’époque, il est curieux de voir que la communauté scientifique n’a toujours pas trouvé une explication faisant l’unanimité, que ce soit sur le mode de fabrication de ces sphères, que pour leur utilité.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire cet article de National Geographic : https://www.nationalgeographic.fr/histoire/le-mystere-des-spheres-de-pierre-du-costa-rica

 

4. Époque précolombienne du Costa Rica - l'artisanat des tribus ancestrales

Poursuite de notre découverte de l’époque précolombienne, avec la présentation d’une salle dédiée à la richesse de l’artisanat et aux objets de la vie quotidienne des peuples originels du Costa Rica.

Nous allons notamment nous attarder sur un Metate, un objet incontournable des populations mésoaméricaines, un des foyers de peuplement originel du Costa Rica. En effet, de par sa situation géographique d’isthme, le pays a toujours été un carrefour entre les influences provenant des peuples d’Amérique du sud (dont l’histoire des sphères en pierre serait davantage liée) et ceux d’Amérique centrale et du nord, où se sont développées les principales sociétés mésoaméricaines traditionnelles.

Ces dernières utilisaient des « Metate » pour moudre différents types de graines, notamment le maïs, culture agricole essentielle pour la gastronomie locale, permettant l’élaboration des tortillas qui sont consommées quotidiennement dans cette région du monde, et ce, depuis la nuit des temps (l’équivalent du pain pour les européens).

5. Époque de la Conquète : les Conquistador

Je vous l’avais annoncé, nous allons faire un saut historique en passant directement à la période de la Conquête qui s’initie avec la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et qui sera suivie par de nombreuses excursions pour permettre aux Européens de découvrir ce « Nouveau Monde » ! 

Cette période charnière pour l’histoire d’Amérique est incarnée par la figure des Conquistador, ces envoyés du royaume d’Espagne ont été les bras armés pour la conquête d’une large part de l’Amérique du Sud et Centrale. Le sujet est d’ailleurs plutôt polémique de nos jours, car les Conquistador étaient des hommes de mains, au passé souvent sombre : anciens criminels, bandits, et autre rebut de la société, à qui l’on a offert une nouvelle vie de l’autre côté de l’océan, sous couvert d’être obéissant à la couronne d’Espagne, la première puissance mondiale de l’époque.

Les Conquistador ont donc été à l’origine de nombreux pillages et massacres de populations au sein des tribus précolombiennes, tant d’Amérique du sud, que centrale. Sans compter les milliers de morts qu’ils ont provoqué de manière inconsciente, en ramenant du Vieux Continent des maladies infectieuses inconnues dans cette région et qui ont causé des ravages sur la population locale

Cette tension qu’exerce le sujet de la Conquête espagnole de nos jours, est particulièrement bien illustrée par l’actualité récente avec la découverte du « trésor de San José », un galion espagnol légendaire qui abriterait l’une des plus grandes cargaisons de pierres précieuses de l’histoire en passe d’être récuperée et dont la propriété fait débat.

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez consulter cette publication du média d’inspiration voyage Petaouchnok :

 

6. Époque de la Conquête : les tribus Indigènes locales

Intéressons-nous désormais aux populations indigènes qui habitaient le Costa Rica lors de la découverte du pays par les Espagnols. Où vivaient-ils ? Comment s’organisaient-ils ?

Lorsque les premiers Conquistador ont débarqué au Costa Rica, on peut estimer la population indigène à 400 000 habitants, répartis sur l’ensemble du territoire actuel en différents groupes ethniques, qui vivent plus ou moins en harmonie.

Deux régions sont à mettre en valeur, car elles concentrent davantage de populations : le Pacifique nord (royaume de Nicoya et de la Plaine Occidentale) et surtout la Vallée Centrale, que l’on peut considérer comme le principal foyer de la population costaricienne, où l’on trouve notamment le plus grand site archéologique du pays : le site de Guayabo, situé vers le volcan Turrialba.

Ces populations indigènes sont donc réparties en différents groupes ethniques, avec certains noms encore connus de nos jours, comme les Bribris dans la cordillère de Talamanca, ou encore les Burucaca sur la côte Pacifique sud (cf. « Boruca »). Ces tribus forment des sociétés de plus en plus sédentaires, qui s’organisent sur le modèle des cacicazgos, pouvant être traduit par « chefferie » liés à la fameuse figure du Cacique, dont le rôle administratif, religieux, militaire et social est assuré par un système de transmission héréditaire, justifié par l’importance des lignées familiales.

Les caciques et leurs lignées vont souvent concentrer les symboles de pouvoir, le plus souvent représentés par l’or et les pierres précieuses, à l’image du roi de Talamanca que je vous présente sur la vidéo et qui dispose d’une sublime parure en or.

C’est cette supposée abondance de richesses, permise par le contact avec ces premières tribus et leurs chefs, qui ont donné au Costa Rica ce nom caractéristique, que l’on pourrait traduire par « Côte Riche« . Finalement, les Conquistador vont vite se rendre compte que les richesses sont superficielles et proviennent d’échanges lointains. Ici, c’est la nature qui domine, avec un territoire globalement hostile pour l’Homme, présentant des conditions de vie et une géographie difficiles. Ces caractéristiques ont dû justifier la mise à l’écart de ce territoire du schéma colonial pendant longtemps, en tant que dernier maillon de la Capitainerie du Guatemala, dont je vais vous parler plus tard.

7. Époque de la Conquête : la résistance indigène

Il faut avoir conscience que la Conquête de l’Amérique centrale, et en particulier du Costa Rica, n’a pas été simple pour les Espagnols, avec de nombreuses expéditions, réparties globalement en deux phases :

  • Une première phase qui s’étend de 1502 à 1560 et va permettre d’explorer : découverte de la côte Caraïbe, des plaines du Nord, du fleuve San Juan (Nicaragua), de la cordillère de Talamanca, mais aussi de la région disparue de « Veragua » (à cheval entre le Costa Rica et le Panama), puis en dernier lieu de la Péninsule de Nicoya et de la côte Pacifique nord. Il faut noter que pour cette première phase, les expéditions sont affrétées en majorité directement depuis l’Espagne et dans une moindre mesure depuis les colonies espagnoles déjà établies (Mexique, Colombie, Guatemala).
  • Une seconde phase, qui s’étend de 1560 à 1573, c’est la Conquête qui va se concentrer sur les poches de résistance indigènes au Costa Rica, avec l’arrivée des véritables Conquistador au sein du pays de l’or vert : de cette façon, Juan de Cavallón est considéré comme le 1er conquistador. En 1561, il va poser les bases de la conquête du Guanacaste et de la Vallée Centrale, avec notamment des premiers affrontements avec les populations indigènes. Cette lutte va être reprise par Juan Vásquez de Coronado, qui est devenu le premier gouverneur officiel du Costa Rica, avec pour mission de soumettre la résistance indigène et d’établir la domination Espagnole.

À l’époque, c’est l’ethnie des Huetares qui est considérée comme la plus développée et la mieux organisée, avec deux figures de caciques à mettre en valeur : El Guarco (Vallée Centrale) et Garabito (Guanacaste et plaine occidentale), ce dernier est un personnage historique renommé pour le Costa Rica, en tant que chef cacique qui a opposé le plus de résistance aux Conquistadors.

Vous l’avez compris, la lutte pour la domination du Costa Rica par les Espagnoles a été longue et rythmée par de nombreuses complications, qui vont justifier en partie le manque de ressources qu’à connu ensuite la colonie.

La Conquête représente un traumatisme pour une large part de la population locale. Car elle a généré une véritable hécatombe sur le territoire costaricien, avec une population qui passe de 400 000 habitants en 1510 à 10 000 habitants en 1610… En 100 ans, la population indigène a été pratiquement éradiquée, conséquence de la lutte armée, mais aussi et surtout des nombreuses maladies et des perturbations sur les modes de vie ancestraux qu’a générée l’arrivée des colons.

8. Époque Coloniale : la domination Espagnole

À partir du XVIIème siècle, le Costa Rica est donc officiellement lié aux colonies espagnoles de la région d’Amérique centrale, de par son intégration au vice-royaume de Nouvelle Espagne, dont la capitale est Mexico. Cette entité administrative propre au système colonial espagnol rayonne sur un vaste regroupement de territoires, allant de la Californie et de la Floride jusqu’au Panama (territoire qui appartient au vice-royaume de Grande Colombie). Mais comprenant également des territoires caribéens, à l’image de Cuba (la « perle de l’Empire« ) ou encore Saint-Domingue (avec Porto Rico), et de façon plus surprenante l’archipel des Philippines, dans l’océan Pacifique !

Mais alors, comment s’est exercée la domination espagnole sur ces territoires d’Amérique centrale si éloignés ?

Pour permettre une meilleure maîtrise des territoires sous domination espagnole, le découpage administratif a été renforcé, avec la création des Capitaineries. Ce sont des entités que l’on pourrait apparenter à des provinces régionales, avec une capitale administrative où vit le capitaine général, le représentant du Roi.

Dans le cas du Costa Rica, je vous ai indiqué que le pays était lié à la Capitainerie du Guatemala, qui regroupe donc l’actuel Chiapas, le Guatemala, le Belize, le Salvador, le Honduras et le Nicaragua. Sa capitale était située à Antigua de Guatemala, une ville célèbre pour son architecture patrimoniale, héritage de cette période où elle rayonnait sur ces différents territoires. Ce qui contraste avec San José, l’actuelle capitale du Costa Rica, qui était esseulée au sein du territoire le plus septentrional de la capitainerie, et qui n’a donc pas bénéficié autant que ses voisins des investissements et infrastructures espagnoles.

Ce qui est sur par contre, c’est que le Costa Rica a bien connu la répression menée par l’Espagne, utilisée pour mater les soulèvements des populations indigènes qui contestent l’autorité du royaume. En effet, le pouvoir espagnol va s’exercer surtout par la force, avec la généralisation des peines capitales, l’utilisation des supplices ou encore des arrestations suivi d’asservissement (cf. le collier de serrage). Pour autant, il faut avoir en tête que, même une fois l’autorité de l’Espagne établie au Costa Rica, il restera pendant longtemps des zones isolées où subsistent des tribus indigènes, vivant librement selon leurs traditions, et qui peuvent se confronter au pouvoir centralisé à certains moments.

9. époque coloniale : Évangelisation et métissage

Maintenant, il faut bien comprendre que les fondements de la nation du Costa Rica sont profondément liés à cette période si particulière qui a permis le contact entre les cultures autochtones et celles espagnoles, et qui va s’exprimer au travers des notions d’Évangélisation et de métissage.

En effet, nous avons déjà pu insister sur l’importance de la religion Catholique au Costa Rica, avec par exemple l’article rédigé par Esteban sur la période de Noël qui a mis en valeur les diverses fêtes religieuses marquant ce moment de l’année et qui sont particulièrement importantes pour les Ticos.

Cette prédominance de la religion catholique au Costa Rica est un héritage des espagnols, qui ont mis en place un processus d’évangélisation massif des tribus autochtones. Ce processus se traduit par l’envoi de missionnaires dont le rôle est de prêcher la « bonne parole » afin de convertir les populations et de faire disparaître les rites païens. Par rapport à ce fait historique, vous connaissez certainement l’ordre des Jésuites, un ordre religieux particulièrement impliqué dans l’Évangélisation de l’Amérique du Sud et que l’on retrouve dans le film La Controverse de Valladolid, bel exemple de l’état d’esprit qui règne à cette période.

Un événement symbolique qui incarne l’importance de l’Eglise catholique au Costa Rica, c’est le « Miracle de la vierge de Los Angeles » qui serait survenu le 2 août 1782, dans le secteur de “Los Pardos”, un lieu où se concentre la population africaine du pays lié au commerce triangulaire. Concrètement, le miracle est lié à l’apparition d’une vierge noire, qui est devenue la sainte Patronne du pays, à l’image de la Vierge de Guadalupe, la sainte patronne du Mexique, aux caractéristiques similaires. Cet événement est à l’origine d’un pèlerinage, la « Romeria« , encore pratiquée massivement de nos jours au début du mois d’août.

Pour en savoir plus sur cet événement, nous vous invitons à lire cet article : Le pèlerinage de la Negrita

Enfin, l’autre facteur important pour l’histoire du pays, c’est ce métissage qui est survenu entre les divers ethnies présentes sur le territoire du Costa Rica, avec des mélanges entre population autochtone, européenne et africaine, dont les arrivées massives ont commencé à partir du XVIIème siècle. Les populations africaines vont être déplacées de force depuis leurs terres d’origines, pour fournir la main d’œuvre nécessaire au développement des capitaineries, dont la principale économie était l’agriculture, avec notamment la culture du café, qui est introduite dans la Vallée Centrale au début du XIXème siècle. C’est donc le tristement célèbre « commerce triangulaire » qui est à l’origine d’une part du métissage de la population costaricienne.

10. Époque moderne : l'independance du Costa Rica en 1821

Nous avons pu aborder divers aspects de cette période charnière pour le Costa Rica, au cours duquel le pays fut totalement intégré à l’Empire colonial d’Espagne.

Nous allons désormais nous intéresser à l’époque moderne qui commence avec l’indépendance du Costa Rica, en cherchant à comprendre comment le Costa Rica, et l’ensemble de l’Amérique Centrale, ont-ils réussi à s’émanciper du pouvoir espagnol afin d’obtenir à terme leur indépendance puis de devenir des nations à part entière ?

Par rapport à l’indépendance du Costa Rica, plusieurs dates sont à retenir : premièrement le 15 septembre 1821, qui officialise l’émancipation de la capitainerie du Guatemala du pouvoir espagnol, qui est occupé à ce moment-là par un conflit armé avec Napoléon (cf. Guerre d’Espagne). Cette officialisation fut suivie le 28 septembre 1821 par la rédaction du traité “Acta de los Nublados” qui scelle le Nicaragua et le Costa Rica dans une position expectative, voulant attendre de voir la réaction de la Couronne avant d’aller plus loin.

Pour commémorer ce moment, on utilise la « torche de la liberté » qui symbolise les cavaliers qui ont sillonné l’Amérique centrale, au cours du mois suivant l’annonce de l’émancipation, afin de prévenir les populations les plus isolées. D’ailleurs, certains territoires du Costa Rica ont appris la nouvelle plus d’un mois après

C’est donc une situation assez trouble, durant laquelle l’Indépendance n’est pas proclamée officiellement, mais elle devient de plus en plus concrète au fur-et-à-mesure que le temps passe et que la réaction de l’Espagne se fait attendre. Cette absence de réaction a donné lieu à une première tentative d’Indépendance officielle, avec la création en 1823 de la République Fédérale d’Amérique Centrale, qui devait établir une nation fédérale à partir des anciens territoires du vice-royaume de Nouvelle Espagne. Cette République n’a jamais été un succès, avec des problèmes de disparités qui vont précipiter sa chute en 1825, avec la promulgation de la “Ley Fundamental del Estado Libre de Costa Rica” , qui proclame l’autonomie du Costa Rica au sein de l’État fédéral.

À noter que c’est au cours de cette période que survient l’un des premier événement fondamental pour la nation du Costa Rica : l’annexion du Partie de Nicoya le 25 juillet 1824, qui correspond au territoire de l’actuelle province du Guanacaste. Cet événement est célébré chaque année au Costa Rica avec la fête de l’Annexion de Nicoya.

Enfin, il faudra attendre le 31 août 1848 pour que le Costa Rica se dote d’une première Constitution qui fonde la République du Costa Rica et permet de proclamer officiellement l’indépendance du Costa Rica, devenu une nation à part entière. 

11. Époque moderne : les symboles nationaux du Costa Rica

Nous vous avons raconté la façon dont le Costa Rica s’est érigé en nation suite à son émancipation de l’Espagne. Maintenant, nous allons vous présenter le contexte historique qui a donné naissance aux principaux symboles nationaux du Costa Rica, à commencer par le drapeau officiel, l’écusson patriotique ou encore l’hymne national.

En effet, les symboles patriotiques sont devenus essentiels pour légitimer le processus de création d’une nation, c’est pour cela qu’ils ont été rapidement envisagés afin que le Costa Rica devienne crédible aux yeux des autres nations du monde.

Pour ce qui est du drapeau et de l’écusson, ils ont été officialisés le 29 septembre 1848. Pour le drapeau, on sait qu’il a largement été inspiré par le drapeau français, particulièrement apprécié par Doña Pacifica Fernández, épouse du premier président du Costa Rica, qui l’a conçue. Les couleurs ont chacune une signification, le bleu pour le ciel, le blanc pour la paix, le rouge pour l’effort et le sang.

Pour l’écusson, on y retrouve différents symboles nationaux, comme le café, les trois cordillères, les principales vallées et les deux océans qui bordent le pays. Tandis que figurent 7 étoiles qui symbolisent les 7 provinces du Costa Rica.

De nos jours, on retrouve de multiples symboles nationaux, que l’on vous présente dans notre page Le Pays en bref, à l’image de la Charrette de Sarchi que vous retrouvez en photographie ci-dessous.

12. Époque moderne : La guerre contre William Walker et les Flibustiers

À partir de 1848, on rentre dans la période dite de « l’Oligarchie« , avec un pays dirigé par une poignée de riches bourgeois ayant fait fortune grâce aux exportations de café et qui vont permettre un fort développement économique du pays, en renforçant le pouvoir central et les principales voies de communications (connexions Vallée Centrale avec les ports de Puntarenas et Limón).

Cette période a été marquée par la construction d’infrastructures importantes, comme le Palais National, le premier hôpital, l’Université du Costa Rica et la première faculté de médecine, mais aussi la banque centrale, le théâtre national et la célèbre Fabrique nationale d’alcool, encore et toujours en service.

Mais ce qui va vraiment marquer cette période, c’est la « campagne Nationale« , ce conflit armé qui a opposé le Costa Rica aux « Flibustiers » représenté par William Walker, un mercenaire commandité par les États-Unis pour conquérir l’Amérique centrale, afin d’y créer une nouvelle nation soumise aux USA.

Cet événement a été fondamental pour le processus de création de la nation, car c’est un conflit qui va unifier le peuple costaricien contre un ennemi commun qui met en péril la nation. Après avoir réussi à conquérir assez facilement les différents pays d’Amérique centrale, William Walker et ses hommes vont se confronter à une première résistance de l’armée costaricienne (pourtant amatrice). Ils vont donc marquer un arrêt dans le nord-ouest du pays, proche du secteur de Santa Rosa, où ils vont se réfugier et construire un camp autour de la désormais célèbre Hacienda Santa Rosa.

C’est ici que, le 20 mars 1856, s’est produite la bataille de Santa Rosa dont les Costariciens vont sortir victorieux, grâce notamment à la figure légendaire de Juan Santamaria, un valeureux soldat qui aurait incendié par surprise le camp des flibustiers, causant de lourdes pertes dans les troupes ennemies, qui vont ensuite pouvoir être repoussées au-delà des frontières du Costa Rica.

Si j’utilise le conditionnel, c’est que l’on peut mettre en doute l’existence de Juan Santamaria, dont les registres d’époque ne permettent pas de confirmer cette histoire. Sachant que de nombreuses nations dans le monde, ont été amenées à créer des figures héroïques de toute pièce dans un but nationaliste, ce ne serait donc pas surprenant.

12-bis. Époque moderne : l’état libéral et le développement économique

Cette période de développement économique va se poursuivre jusqu’au début du XXe siècle, avec l’instauration d’un état libéral, avec une doctrine qui va se retrouver dans la nouvelle Constitution de 1871.

C’est dans ce contexte socio-économique qu’ en 1900 fue créé le Colón, la monnaie nationale du Costa Rica, encore active de nos jours. En parallèle, le pays va s’ouvrir au monde avec des flux migratoires arrivant depuis la Jamaïque, la Chine ou encore l’Italie, afin de fournir de la main-d’œuvre sur les chantiers que connaît le pays, notamment pour construire les voies ferrées de l’Atlantique et du Pacifique.

Tandis qu’un premier rapprochement avec les États-Unis s’opère avec l’installation de la United Fruit Company au Costa Rica, à la fin du siècle. Entreprise qui a marqué l’histoire du continent en imposant une domination économique à de nombreux pays d’Amérique centrale et qui a donné naissance aux « Républiques Bananières« .

Ce n’est qu’après la crise économique de 1929 et d’importants mouvements sociaux, dont la grève des « Bras perdus » de 1934, que la présence et l’influence de la United Fruit Company sur la souveraineté du pays va être remise en cause, grâce notamment à l’Etat réformiste. 

13. Époque moderne : les réformes sociales et la guerre civile de 40-48

L’État réformiste fut essentiel dans l’histoire moderne du Costa Rica, car il permit de nombreuses avancées dans les domaines sociaux, mais il fut aussi à l’origine de la guerre civile de 1948

Les avancées sociales permises par l’État réformistes :

La figure centrale des Réformes sociales, c’est Rafael Ángel Calderón Guardia, 29ème président du Costa Rica et médecin éclairé. C’est l’un des personnages les plus importants de la politique costaricienne, avec encore de nos jours une influence sur la politique du pays, au travers du mouvement calderoniste.

On peut évaluer son importance ne serait-ce que par le musée qui lui est dédié, situé dans son ancienne maison et cabinet, au sein du Barrio Escalante (à 50 mètres de notre agence) et qui retrace son parcours.

Un premier fait marquant, c’est que Calderón est parvenu à se rapprocher à la fois de l’Église catholique (cf. doctrine sociale Catholique) et du mouvement Communiste (cf. Manuel Mora Valverde, allié impliqué dans les luttes de classe), pour s’imposer comme une figure politique concernée par les problématiques sociales. 

Ainsi, en 1940, il est élu président de la République et a pu commencer à mettre en place ce que l’on nommera les « Garanties sociales », qui vont permettre des améliorations de la Constitution et du Code du Travail costaricien. Parmi ces avancées, citons la création du Seguro Social, le système médical public qui a permis une amélioration drastique des conditions de vie des populations locales en leur donnant un accès gratuit aux soins. Il est aussi à l’origine de la création de l’Université du Costa Rica, qui fait figure de modèle en Amérique Centrale. 

C’est donc un personnage central, mais qui s’avère clivant,  étant donné qu’il est concerné par la « Guerre civile de 1948 », l’événement le plus meurtrier de l’histoire moderne du Costa Rica. 

La guerre civile de 1948 : un événement moderne incontournable

Le 8 juillet 1942, l’autre figure politique incontournable de cette période : José Figueres Ferrer, fait un discours à la radio où il dénonce une fraude lors des élections de 1940. Cela lui vaudra d’être exclu du pays, mais va lui permettre de rassembler ses forces à l’étranger, avant de faire son retour en 1944. C’est suite aux élections de 1948, après avoir remis à nouveau en cause la validité du scrutin à cause de soupçons de fraude, que la guerre civile va éclater, avec d’un côté les soutiens de Figueres contre ceux de Calderón

La guerre civile est réellement initiée par Figueres le 12 mars 1948 : à la tête de ses « armées de Libération National », il va se diriger vers la Vallée Centrale et la capitale San José. Il va arriver depuis la côte Pacifique, où il commence par prendre la ville de San Ididro del General, puis de Cartago, l’ancienne capitale du pays, située à quelques kilomètres de San José. Il ne lui suffit ensuite que de quelques jours pour isoler une grande partie des troupes de Calderón, qui vont finir par se réfugier au sein de la fameuse citadelle du « Cartel de Bellavista ». C’est ici que, le 19 avril 1948, vont abdiquer les derniers calderonistes, après de nombreux combats au sein de la capitale et dans le reste du pays, qui auront fait environ 4 000 morts. 

La victoire de Figueres et l’État Bienfaiteur :

Cette capitulation en faveur de Figueres lui permet d’accéder au pouvoir à la tête d’une junte qui doit permettre la transition vers une nouvelle République. Ce n’est qu’un an plus tard que le processus de transition se concrétise, avec l’officialisation d’une nouvelle Constitution donnant naissance à la Seconde République, encore active de nos jours. L’annonce de la Seconde République s’accompagne d’une mesure symbolique : la création du Tribunal National des Élections, un 4ème pouvoir régalien autonome qui doit assurer l’intégrité des prochaines élections législatives du Costa Rica. 

Quelques mois auparavant, le 1er décembre 1948, Figueres s’était illustré en proclamant l’abolition de l’armée du Costa Rica. Pour ce faire, il a abattu symboliquement un pan de mur du Cartel de Bellavista, dernier quartier général du pays. Tandis que Figueres a poursuivi le travail de Réforme Social initié par Calderón, en instaurant notamment le principe d’État bienfaiteur : création de l’ICE et d’AyA, les deux entreprises publiques en charge respectivement du réseau électrique et hydraulique du pays. Notons également que c’est à cette période qu’est créé l’ICT, l’Institut Costaricien du Tourisme.  

À savoir que ces deux camps : calderoniste (cf. Parti Républicain National, PUSC) et figueroniste (cf. Parti de la Libération Nationale, PLN), ont représenté, de la seconde moitié du XXème siècle à nos jours, les deux franges politiques dominantes du pays. Il faudra attendre 2014 pour qu’un candidat issu d’un autre camp politique soit élu.

14. L'Époque moderne : la crise économique des années et le XXIème siècle

Les conséquences de la crise économique des années 80 :

L’époque moderne du Costa Rica va être profondément marquée par une crise économique sans précédent qui survient au début des années 80 et qui va remettre en cause le modèle économique en place.

Cette crise se traduit rapidement par une explosion de la dette nationale, mais aussi une hausse du chômage avec 10 % de la population sans-emploi, le tout accompagné par une inflation forte, ce qui va entraîner des soulèvements populaires en 81, 83 et 1985. À noter que ces soulèvements sont aussi justifiés par la forte désapprobation de la politique agricole intensive du pays par une frange de la population (surtout étudiante). Car il y a une prise de conscience des dégâts considérables que cause ce modèle économique sur les écosystèmes naturels du Costa Rica.

Ainsi, au cours des années 80, le Costa Rica va opérer des changements économiques décisif, en effectuant un retrait par rapport à sa politique agricole, afin de protéger son patrimoine naturel et ainsi favoriser le « tourisme » qui doit devenir le nouveau fleuron de l’économie nationale. Sachant que ce tourisme doit fonctionner en synergie avec des formes d’agricultures mieux intégrées écologiquement et socialement, c’est le début de l’écotourisme !

Le Costa Rica, un pays modèle en Amérique centrale :

Ce changement de politique économique va redonner de l’élan au Costa Rica, qui redevient un pays influant régionalement. Ce retour en grâce est illustré par l’obtention du prix Nobel de la Paix en 1987, décerné à Oscar Arias Sánchez, ancien président du Costa Rica qui n’a eu de cesse de travailler pour la pacification de l’Amérique centrale, déstabilisée par le Nicaragua devenu un ennemi des États-Unis (cf. contexte de la fin de la Guerre Froide). Ces derniers ont notamment essayé de remilitariser le Costa Rica, pour aider à lutter contre cette menace géopolitique, mais c’était sans compter sur les convictions de Oscar Arias Sánchez.

En parallèle, le rapprochement avec les États-Unis s’est intensifié, en particulier après la crise économique des années 80, durant laquelle l’aide financière de l’Agence Internationale pour le Développement a été salvatrice. Ces investissements étrangers vont s’intensifier à partir des années 90, à l’image de la création de la première antenne INTEL en 1996 à San José, qui sera suivi par de nombreuses autres multinationales américaines (Amazon, IBM, Microsoft, Walt Disney…).

Cette attractivité du territoire costaricien pour des investissements étranger se ressent également dans le tourisme, avec un pays qui va s’ouvrir aux voyageurs du monde entier grâce à ses aéroports internationaux. Mettons en valeur celui de Liberia dans le Guanacaste, car cette région va s’imposer comme une destination balnéaire de choix pour les Américains, en tant que premier contingent de touristes du pays, qui arrivent massivement par avion à Libéria. C’est à cette époque que la plupart des infrastructures touristiques du pays sont construites et qui vont permettre la naissance de spots incontournables : Manuel Antonio, Monteverde, Tortuguero, Arenal, Rincón de la Vieja, Tamarindo…

Ce-ci explique pourquoi certaines infrastructures touristiques peuvent être vieillissantes, faute d’un entretient suffisant depuis ces premières années fastes du tourisme costaricien. Tandis qu’il faut noter une évolution dans la stratégie touristique du pays, avec la volonté de s’ouvrir à d’autres types de voyageurs, à l’image des européens, qui vont être de plus en plus nombreux à visiter le pays au cours du XXIème siècle. Ce changement s’illustre par les alliances stratégiques qu’opère le Costa Rica avec l’Allemagne (échange étudiant, transfert de connaissances…), ou avec la région SUD en France (partenariat « tourisme durable », gestion réserve naturelle).

Par ailleurs, il faut noter que le Costa Rica est un pays exemplaire sur le plan politique, avec des prises de position forte sur des sujets sensibles comme la lutte contre le réchauffement climatique, le mariage pour tous et la question LGBTQ+, ou encore la défense des droits de l’Homme, en tant que pays siège de la Corte Interamericana (cf. « la petite Suisse d’Amérique centrale« ).

Vous l’avez compris, de par son histoire hors du commun et son patrimoine naturel exceptionnel, le Costa Rica est e un pays à part, qui interpele un grand nombre de voyageurs inspiré par son imaginaire commun et voulant découvrir de leurs propres yeux le pays de l’or vert, berceau de la Pura Vida !   

Les sources utilisées :

 

 

Cristo De Franceschi, petite plume de Terra Caribea.

Sachez que j’aurais pris plaisir à me plonger dans l’histoire du Costa Rica pour vous offrir cet article, qui vient parachever mon histoire personnel au sein du pays de l’or vert.