La plus grande espèce de tortue marine au monde
Plus connue sous le nom de tortue Luth et localement appelée tortue “Baulas”, cette espèce de tortue marine est la plus grande du monde. Avec une taille adulte pouvant aller jusqu’à 2 mètres et pesant plus de 600 kilos, cette espèce de tortue est colossale. Sachant que des spécimens peuvent aller jusqu’à une tonne !
Il faut imaginer une tortue de cette taille se mouvoir dans l’océan, le spectacle doit être incroyable.
De plus, ces tortues sont capables de parcourir des centaines de milliers de kilomètre au cours de leurs vies, oscillant entre différents océans afin de se nourrir et de se reproduire. À l’image des tortues vertes du film Némo, qui empruntent un courant inter-océanique pour rejoindre d’autres mers du globe, plus riches en nutriments.
La ponte des œufs, un moment décisif dans la vie d’une tortue marine :
Or l’un des rares moments où l’on peut observer ces beautés de la nature hors de l’eau, c’est lorsqu’elles viennent pondre sur cette même plage où elles ont vu le jour. Moment important que l’on nomme arribadas, que l’on traduirait par “grande arrivée” et qui se reproduit annuellement. A la manière d’un saumon qui retrouve le bras de rivière où il est naît, les tortues reproduisent des cycles naturels, revenant régulièrement au cours de leurs vies sur une même plage pour y enfouir leurs œufs.
Les Arribadas de la côte Pacifique :
Le fait est qu’on retrouve des tortues marines dans différentes parties du globe, néanmoins le Costa Rica a la chance d’être l’un des lieux de pontes pour de nombreuses espèces. Les plus grandes arribadas du pays sont certainement celles de la côte Pacifique, notamment du côté de Playa Ostional (également réserve nationale dédiée à la préservation des tortues marines), un site naturel exceptionnel de la Péninsule de Nicoya :
Plus d’informations sur : Parcs nationaux et réserves naturelles du Costa Rica !
Les Arribadas de la côte Caraïbe :
Pour autant, les plus impressionnantes sont certainement celles des tortues Baulas, sur la côte Caraïbes. Sur ces différentes plages isolées situées entre l’embouchure du fleuve Pacuare et celle du fleuve San Juan, une zone dominée par la mangrove, des centaines de tortues Luth viennent pondre chaque année. En majorité au cours de la nuit, ces tortues massives se risquent sur la plage pour creuser de profonds trous dans lesquels elles viennent enfouir une dizaine d’œufs, leurs progénitures au destin fragile.
En effet, si les tortues Luth ont des caractéristiques exceptionnelles et démontrent une certaine habileté à protéger leurs œufs des prédateurs naturels (profondeur du trou, entrée spécifique pour complexifier le repérage et l’accès, usage de faux œufs pour berner les prédateurs…), elles sont inoffensives face au braconnage et à la prolifération des espèces invasives permises par l’Homme (chiens, rats).
Puis, le réchauffement climatique, la pollution plastique et la perturbation des courants océaniques ont également un impact décisif sur leurs modes de vie. Ce qui vient réduire drastiquement les chances de survie puis d’épanouissement de ces petites tortues, dont le périple initial s’avérait périlleux et aujourd’hui semble insurmontable, entraînant une baisse de la population de 70% en 15 ans…
Les actions mises en place par les associations locales pour protéger les tortues marines :
C’est le triste constat qui m’a été fait lors de mon séjour dans l’un des camps de base de l’association Latin American Sea Turtle, située dans le secteur de Barra Pacuare, dont le rôle est de protéger des menaces extérieures les tortues marines et en particulier les tortues Luth, aujourd’hui en péril d’extinction.
Le site de Barra Pacuare : un secteur essentiel pour la préservation
Pour réaliser cela, j’ai passé 2 jours au sein du camp de base de Barra Pacuare, à partager le quotidien de leurs équipes afin de mieux comprendre la situation, leurs rôles et prendre conscience des moyens dont ils disposent pour mener à bien cette mission de préservation des tortues marines. À noter que cette opportunité fut possible grâce à un tour opérateur local, ce qui montre que le tourisme est un levier de financement de cette association, au même titre que le bénévolat.
Le camp de base est donc composé de plusieurs maisons en bois, au style traditionnel et au confort rustique, construites sur la principale lagune, face à la mer des Caraïbes. Il est uniquement accessible en bateau, nécessitant une trentaine de minutes de navigations depuis l’un des pontons situés en amont des mangroves, qu’il faut nécessairement traverser.
De par sa localisation, les conditions de vie sur place sont dures : fortes chaleurs et humidités, accès à l’eau et l’électricité limité, boues omniprésentes, concentration de moustiques… Autant d’éléments que les bénévoles doivent surmonter pour pouvoir espérer aider les tortues marines venues pondre dans cette région du monde, qui est connu pour être l’un des principaux sites de pontes de certaines espèces de tortue marine, notamment pour la tortue Luth. L’autre site majeur sur la côte du Venezuela, un pays moins avancé sur cette problématique.
Le rôle des bénévoles pour aider les tortues :
Concrètement, les bénévoles et scientifiques sur place vont quotidiennement parcourir la plage principale pour y repérer les tortues venues pondre. En particulier la nuit, de 19h à 6h du matin, où les bénévoles se relayent par équipe minimum de deux, afin de rencontrer des tortues en train de pondre. Ainsi, tous les jours, ils vont parcourir plus d’une dizaine de kilomètres, en marchant dans le sable quasiment dans le noir complet et souvent sous la pluie, afin d’espérer arriver au bon moment pour accompagner une tortue venue pondre.
Le but, ensuite, est de récupérer les œufs dans leur nid, avant qu’ils ne soient braconnés (oui, le commerce des œufs est encore d’actualité au Costa Rica…) ou mangés par des animaux. Le but étant de les transvaser dans des nurseries reproduisant les mêmes conditions naturelles, mais dans un espace surveillé au sein du camp.
En parallèle, différents programmes sont mis en place pour permettre le suivi des spécimens rencontrés et ainsi mieux connaître leurs modes de vie (capteur, code d’identification…).
Pour mieux découvrir le quotidien de ces bénévoles : « Conservación de la Tortuga Baula en Moín » – vidéo Youtube en espagnole
Un travail difficile et parfois compromis :
Un point à prendre en compte, c’est que l’activité de cette association est possible grâce à l’accord tacite des populations locales, qui pour autant sont souvent liées au braconnage des œufs, en tant que source de revenu non-négligeable… Cela se traduit par une règle : le premier qui a repéré la tortue en train de pondre dispose des œufs. En cas de flagrant délit de braconnage, les membres de l’association ne peuvent être que spectateurs, voire parfois conciliants …
Ce travail minutieux et particulièrement éprouvant, je peux en témoigner. Il est assuré par une poignée de bénévoles et salariés répartis au sein de quelques associations basées localement. Aujourd’hui, il semble donner quelques résultats, en permettant de libérer régulièrement des portées de bébés tortues. Mais cela est-il suffisant ?
Force est de constater que les tortues Luth et les tortues marines en général restent menacées d’extinction… Victime des changements impulsés par notre société moderne et quelques comportements déviants.
Une prise de conscience nécessaire pour préserver ces espèces menacées d'extinction !
Alors oui, la nature est magnifique et offre des spectacles somptueux, comme nous le démontrent les tortues Baulas, qui surmontent tant d’épreuves pour devenir ces figures iconiques des océans.
Mais la nature est surtout fragile. Si des actions locales peuvent endiguer certaines menaces, sans une évolution de nos pratiques au niveau global, il semble difficile d’assurer la survie de ces espèces dont le mode de vie tient à un parfait équilibre entre les cycles.
A notre échelle, pour Terra Caribea, au-delà de nos différentes initiatives, comme celle dédiée à la lutte contre le plastique, nous invitons nos voyageurs à prendre conscience de cette fragilité. Afin qu’ils évoluent ensuite avec un maximum de respect au sein des différentes réserves naturelles du Costa Rica, qu’elles soient terrestres ou maritimes.
Plus d’informations : ce qu’il faut savoir pour être un voyageur responsable !
En cela, nous espérons que nos voyageurs pourront vivre une expérience complète au contact de la nature et qu’ils en reviendront plus épanouis, mais aussi conscient que la préservation des écosystèmes qu’ils ont découverts est un combat quotidien qu’il est important de soutenir.
C’est une des raisons qui nous a poussés à développer un programme de donation, afin de pouvoir accompagner des initiatives vertueuses, notamment celles en faveur de la préservation des écosystèmes du Costa Rica.
En espérant que vous êtes aussi sensible à ces préoccupations, nous vous invitons à suivre nos actualités pour découvrir notre travail au quotidien.
Rédigé par Cristo De Franceschi, petite plume de Terra Caribea